mardi 22 mars 2011

Sommes-nous capables de débattre du nucléaire ?

"Le fonds de commerce des écolos, c'est la peur. La peur de demain, la peur des conséquences d'un accident" (Man)
Avant même de discuter de l'intérêt d'un tel référendum, c'est l'apparent "opportunisme empressé" de la réclamation des écologistes qui choque la majorité d'entre vous.
"C'est assez nauséabond" (kira), "pure récupération" (Skyrunnernumber1), "indécence machiavélique" (jacqueline06), "ramassage de voix, populisme et démagogie à fond" (Farandole). "Il faut mobiliser l'électorat, quitte à piétiner des cadavres encore échoués sur les côtes japonaises" (Hervé). "Ils exploitent la détresse d'un pays, le malheur de milliers de personnes pour de basses raisons électorales" (pado). "Le drame japonais est pris en otage par nos écolos" (Ex abrupto). Ce qui heurte donc en première réaction, c'est la rapidité de l'enchaînement entre la catastrophe au Japon et le discours anti-nucléaire qu'ont fait entendre les Verts. La perception dominante est que ceux-ci ne respecteraient pas un temps de silence en hommage aux souffrances des sinistrés, en réactivant un combat qui viserait donc à servir des intérêts de parti plus que l'intérêt général. Outre le calendrier jugé "scandaleux", vous remettez en question les compétences des représentants écologistes.
"L'écologie ne peut être, à mes yeux, que scientifique. L'écologie politique n'a pas des sens sans le volet scientifique"
"Mme Duflot, M. Cohn-Bendit, Mme Lepage, etc. n'auront un crédit à mes yeux que quand ils nous présenteront une étude sérieuse avec deux colonnes, une avec les énergies actuelles et l'autre avec les énergies alternatives", dit grognon. Et il n'est pas le seul à demander qu'on sorte des intentions générales : "Les écolos ne connaissent rien à l'écologie, ils ne sont que des politiques"(Benoit). L'impression de flou soulignée dans de nombreux commentaires est renforcée par l'observation de certaines incohérences que vous voyez dans les positions des écologistes : "Ils sont comiques, ces écolos qui ne veulent que des énergies propres, mais qui font des pétitions dès qu'une éolienne arrive près de chez eux" (ludo49). "Au fait, que proposent-ils en contrepartie ? Rien. Je ne fais confiance à aucune figure politique représentée par les Verts. Ce ne sont pas des spécialistes" (ThinkBell). JLuc52 résume ce point de vue : "Il faudrait que les Verts présentent quelque chose de très concret, car il ne suffit pas de crier juste pour faire campagne."
"J'aurais bien envie de penser comme les autres internautes, à savoir honte aux écolos opportunistes, si je ne pensais pas que l'écologie est une priorité", relativise Cecilem, qui poursuit : "L'écologie est un mode de vie, et pas une politique anti-modernité, anti-progrès, et surtout agressive." Certes, en utilisant le drame japonais pour soulever la question du nucléaire français, "les écolos sont profiteurs, mais ils ont raison sur le fond" (robin), car c'est maintenant que "les autruches ont la tête hors de leur trou" (etil). Et vous trouvez préférable que le débat soit "passionné", qu'il "arrive un poil trop tôt"... plutôt qu'il "n'arrive pas du tout" (ljos). "Cela fait des années qu'ils essaient d'attirer l'attention sur les risques du nucléaire et fournissent des informations quand l'État fait le silence" (vic02). Au moins reconnaissez-vous aux écologistes le mérite de rappeler avec constance l'importance d'un débat sur le nucléaire. Mais quel débat, sur quelles bases, dans quelle forme ?
"Je reconnais cependant la nécessité d'un débat objectif en étant persuadé qu'en raison de la complexité technique, il sera difficile de répondre par oui ou par non" (Regal)
"90 % des Français, y compris Cohn-Bendit, Cécile Duflot, Corinne Lepage, Eva Joly, Noël Mamère et moi-même, ne sont pas assez compétents pour juger de cette question" (Jules). "Pas un Français sur cent mille ne sait comment fonctionne une centrale électro-nucléaire" (diogene), ne "serait capable d'avoir une opinion techniquement fondée sur les risques du nucléaire" (Clisthene). La conscience d'un déficit de connaissances, auquel seuls échappent les spécialistes, est très souvent exprimée. Comment les citoyens peuvent-ils exercer leur jugement s'ils ne connaissent pas les données, ne relativisent pas les atouts et les risques, et ne comprennent pas les enjeux ? Par ailleurs, vous n'oubliez pas que, bien souvent, un scrutin peut être influencé. "Les gens voteraient pour ou contre (le président de la République), pas pour ou contre le nucléaire" (tyeraz),"on sait très bien que les électeurs ne se prononcent pas en fonction de la question mais en fonction des actualités du moment" (ZHIGOU). Enfin, comment formuler de manière objective les questions de ce référendum pour obtenir une réponse fiable et viable ? "Genre de questions : voulez-vous du nucléaire ? Voulez-vous d'une raffinerie dans votre région ? Je pense que vous connaissez les réponses. Par contre, voulez-vous vous passer de l'électricité, du chauffage, du téléphone, de votre voiture, du train, etc. ?" (mrdede). Vous refusez de régler la question avec un mode de scrutin inadapté, mais il vous semble toutefois indispensable de ne pas refermer le dossier. Bien au contraire.
"La vraie question n'est pas aime-t-on le nucléaire ou non, c'est quel est le plan de sortie, avec quelles conséquences ?"(did)
"On ne peut pas négliger ces problèmes et mépriser la réalité à ce point" (francky033), "je ne prétends pas savoir ce qui est le mieux, mais une chose dont je suis sûr, c'est que le nucléaire est dangereux, et qu'il faudrait que l'on commence à réfléchir à d'autres choix" (yatoshin). Ce qui est le plus clairement imaginé, c'est le triptyque : renforcement de la sécurité des installations en place, développement, même modeste, des énergies nouvelles et limitation raisonnée et volontaire de la consommation. "Commençons par améliorer la sécurité de l'existant et préparer l'avenir en développant éoliennes, panneaux solaires, bio-énergie, etc." (mowgli). "Il faut se poser les vraies questions et les mettre sur la table... à quoi sommes-nous prêts à renoncer pour faire des économies d'énergie réelles et sensibles ?" (jeanmariecatalan). "Comment concilier la protection de l'environnement et des hommes, avec les besoins énergétiques des Français d'aujourd'hui ?" (Sacha). Quelques voix, cependant, restent résolument optimistes et attachées à une linéarité du progrès : "Pourquoi toujours le statu quo au lieu de chercher de nouvelles solutions ? Avons-nous renoncé à la science et à l'idée de progrès ?" (pitoune).
La demande de débat semble attachée à deux objectifs : permettre à toute la population française d'avoir une conscience plus nette des dangers du développement économique et des précautions ou solutions possibles, d'une part ; d'autre part, éviter que les décisions ne soient prises dans l'urgence, ou dans la clandestinité des bureaux où se négocient les contrats. 
lepoint.fr

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