dimanche 27 mars 2011

La Tunisie met la révolution du jasmin sur sa brochure touristique



« Notre message est citoyen. La Tunisie a toujours le même visage, les même plages, le désert. Mais en plus, il y a un peuple qui s’est levé avec dignité. Cela vaut le coup de venir à sa rencontre », explique Mehdi Houas, le nouveau ministre tunisien du Tourisme.
Elan de solidarité
Chef d’entreprise franco-tunisien appelé au chevet d’un secteur qui a vu ses recettes fondre de 40% durant les deux premiers mois de 2011, Mehdi Houas est persuadé que cette année sera « exceptionnelle » pour le tourisme tunisien. « La révolution du jasmin offre des opportunités nouvelles pour le tourisme local, dans la mesure où elle a révélé au monde entier un peuple extraordinaire », souligne-t-il, indiquant que de nouvelles offensives de charme seront prochainement lancées aux quatre coins du monde.
La reprise des réservations, saluée le 24 février par l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), accréditent, pour l’heure, les prévisions de ce polytechnicien qui a démarré sa carrière chez IBM. Les effluves du jasmin semblent avoir suscité un élan de solidarité envers la Tunisie auprès des principaux voyagistes européens.
La réouverture, dès le 14 février, des stations balnéaires uniquement, a donné le top départ d’une mobilisation générale. Les voyagistes œuvrent à réamorcer la pompe d’une destination sinistrée grâce à des promotions alléchantes. Marmara et son concurrent Thomas Cook commercialisent avec succès « deux séjours pour le prix d’un » à moins de 400 euros la semaine, vols inclus.
Le deuxième TO français, Fram, évoque déjà « une reprise réelle », alors que l’agence de voyages en ligne Go Voyages qualifie le redémarrage de « spectaculaire», indiquant que la Tunisie est revenue en tête des ventes.

Circuits thématiques
Les acteurs européens du tourisme responsable se tournent également vers la Tunisie. C’est, entre autres, le cas du voyagiste français spécialisé dans le tourisme durable Ecotour, qui multiplie les offres solidaires. « C’est le moment de renvoyer l’ascenseur à ce pays. Nous invitons nos clients à partager la démocratie et la joie que connaissent les Tunisiens », résume Guillaume Victor-Thomas, président de cette agence.
Sur le terrain, la révolution s’est déjà transformée en véritable attraction touristique. Plusieurs tour-opérateurs et réceptifs tunisiens proposent des circuits de la révolution du jasmin, qui mènent les touristes à des lieux devenus emblématiques, comme le Ministère de l’intérieur, toujours protégé par des blindés, ou encore l’imposant immeuble, désormais vide, du Rassemblement constitutionnel démocratique, le parti de l’ex-président Ben Ali. Voyeurisme ? « Absolument pas. Nous tentons uniquement de mettre en avant ce nouveau patrimoine culturel et de faire profiter l’économie tunisienne du parfum enivrant du jasmin », se défend Souheil Doulmi, patron de l’agence Expédition, qui propose un circuit de la révolution à Tunis. D’autres agences vont encore plus loin, en transformant les somptueux palais des membres du clan Ben Ali en musées de fortune ou en emmenant les touristes à la ville déshéritée de Sidi Bouzid, d’où est partie la révolution, avec à la clef des rencontres organisées avec Manoubia Bouazizi, mère du jeune vendeur de fruits qui s’est immolé par le feu

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire